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Regroupement familial - Sur la route - La revue du témoignage urbain

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Sur la route

Regroupement familial

Migrant comorien


Fret
 Fret

Koinaï : Quelle démarches avez-vous effectuées pour vous établir en France ?
J’ai rien contacté d’organisme, j’ai été à Madagascar, c’était en 89, juillet 89. Après j’ai resté là-bas un mois et jusqu’à août 89. C’est là, avec un hébergement, j’ai eu un visa pour rentrer en France. J’ai pas eu un problème à Madagascar pour avoir le visa, ici non plus j’ai pas vu, j’ai pas rencontré de difficulté pour avoir ma carte de séjour. Je suis allé à la Préfecture demander la régularisation ; y’avait pas de problème tant que je suis un enfant d’un père français, rentré en France avec un visa de long séjour. Je suis hébergé par mon frère de même père. Lui, il avait la nationalité français, comme on est de même père. Tant que mon frère, il était là, c’était vraiment facile pour déposer ma carte de séjour. Moi, j’ai la nationalité comorienne jusqu’à maintenant.

K : La régularisation, ça veut dire quoi ?
C’est pas avoir la nationalité française, c’est avoir une situation régulière, ça veut dire avoir une carte de séjour ou avoir la nationalité. Comme la nationalité c’est un peu long à l’avoir, j’ai facilité le chemin, j’ai passé par la carte de séjour.

K : De quelle durée était votre visa ?
J’avais un visa de six mois. Oui, pendant ces six mois-là j’ai fait mes démarches, mais avant les six mois, j’ai eu la carte de séjour de dix ans directement. Parce que j’étais le fils d’un parent français, mon père il était français, j’ai tout montré que c’est vrai, mon père il est français avec sa nationalité, sa déclaration de nationalité. À l’époque il était pas là mais actuellement il est là.

K : Pour quelle raison avez-vous quitté les Comores ?
Je suis parti des Comores parce que j’ai voulu venir en France pour ma situation, la situation qu’on vit tous en Afrique. Pour travailler. Au départ c’est pour faire mes études mais quand je suis venu, j’avais mon grand frère de-même-père-même-mère, j’ai trouvé en prison. Il y avait personne pour alimenter mes études et je suis été obligé d’aller travailler. Mais l’objectif de mon départ, c’est mes études. Là-bas je faisais de l’agriculture, du maraîcher-agriculture qui concerne le jardinage au niveau fruits et légumes, donc à l’époque je me suis dit quand je vais en France uniquement pour ça. Mais quand je suis venu dans ce secteur-là sur Marseille, c’est très difficile de trouver l’école, c’est difficile pour alimenter l’école. Donc je me suis trouvé dans une autre objectif. J’ai laissé tomber mon projet de jardinage. J’ai travaillé un an ou deux ans. En ce temps-là, j’ai arrêté, et je suis allé faire un CAP pâtissier. Je l’ai eu en 94. À partir de là j’ai travaillé et je suis pâtissier diplômé, avec une bonne expérience. Je travaille en pâtisserie jusqu’à l’an 2004 que j’ai abandonné, j’ai monté mon petite commerce d’alimentation.

K : Comment votre femme vous rejoint-elle ?
Ma femme, elle est venue en 92, comme on est marié aux Comores. C’est moi qui l’a envoyé un certificat d’hébergement. L’ambassade de France aux Comores l’a donné un visa de un mois et voilà, elle est venue avec ça. Et après, comme il est venu, à l’époque j’ai voulu demander pour régulariser sa situation. La préfecture m’avait dit "Non, tant que je suis étranger, et avec une carte de séjour, je pourrai pas obtenir la situation régulière de ma femme, il faut attendre d’avoir des papiers français, sinon avoir un enfant". J’ai commencé à découvrir que ma femme elle est venue avec un visa tourisme, elle peut pas avoir les papiers. Donc c’est pour cela on a attendu longtemps jusqu’à avoir un enfant, deux enfants. La deuxième, c’est à partir de là que la loi Jospin a donné accès pour tout le monde à la carte de séjour.

K : Qui vous a renseigné pour faire venir votre femme ?
Ah ! C’était une obligation, c’est pas des renseignements. Je faisais de n’importe quoi pour qu’il puisse venir ma femme, je peux pas vivre ma femme de l’autre côté et moi d’ici.

K : Pourquoi ne pas avoir directement opté pour le regroupement familial ?
Voilà. J’ai pas renseigné au niveau des démarches, tout ça c’est des leçons que j’ai appris en faisant venir ma femme. Je me suis dit en tête que : " Du moment qu’elle sera là, elle aura une situation". C’est à partir qu’elle est là, ma femme, que je voudrais ces démarches pour régulariser sa situation, donc j’ai entendu parler regroupement familial. En ce temps là j’ai appris tout ce qu’il fallait faire, mais tout ce qu’il fallait faire c’était pas la solution pour moi. La Préfecture m’a dit : "Non, il faut que ta femme retourne aux Comores, et toi tu fais tes démarches pour faire un regroupement familial qui viennent tes enfants avec la femme en même temps." Et moi, tant que ma femme elle est là avec un visa tourisme je vais pas dire : "Allez ma femme, vas-y, tu retournes aux Comores." J’étais obligé de garder ma femme, c’est ça ce que j’avais besoin. J’étais obligé de la laisser là et voilà, elle est restée avec moi. Quand on est en situation irrégulière, on ne peut rien faire, et rester à la maison. On a fini par trouver une solution pour elle, elle a sa situation régularisée en 96. C’est à partir de 96 qu’elle a commencé à bouger. Elle a eu la carte de séjour temporaire de Monsieur Jospin.

K : Entre temps vous avez pu faire venir les enfants ?
Quand j’ai commencé à travailler en pâtisserie, j’avais un bon salaire, un appartement et quand la situation est régularisée pour ma femme, on a fait les démarches pour le regroupement familial, pour faire venir les deux grands qui sont restés aux Comores. Y’avait des démarches, mais on était bloqué. Parce que l’étude à la préfecture ça prend beaucoup de temps : tu déposes tes papiers, et il te demande les pièces à fournir ; il te faut tes bulletins de salaire, il faut que tu aies travaillé plus de un an, et il faut que tu aies un appartement, ah... voilà. Le temps qu’il étudie, il prend le maximum deux ans pour avoir la réponse. J’ai déposé la demande deux fois, une fois c’était refusé, parce que ma femme à l’époque elle a pas eu la situation, elle a eu sa carte de séjour vraiment en retard, à l’époque de Jospin. La deuxième raison, il faut que les enfants soient scolarisés en France. Donc voilà. La seconde ça a été accepté, les enfants sont arrivés début 2004 avec le regroupement familial, oui. Ils sont scolarisés ici et maintenant tout va bien. En France, j’ai eu trois enfants. La première en 94, la deuxième en 96 et le troisième en 2000. Comme ils sont nés après la loi Balladur¹, il faut dix-huit ans qu’ils prennent leur nationalité et jusqu’à maintenant j’ai pas pu prendre la nationalité de mes enfants.

K : Et là actuellement votre femme travaille ?
Heu... ma femme elle a pas fait de formation. Actuellement on travaille ensemble, on a pris notre alimentation, elle est au magasin et moi je tourne.

Propos recueillis le 24/03/2006 par Souleiman Saïdi

P.-S.

 [1]

Notes

[1En réalité, la loi Pasqua (ministre de l’intérieur du gouvernement Balladur), du 22 juillet 1993, requiert pour les jeunes nés en France de parents étrangers : "une démarche volontaire pour acquérir la nationalité française". Cette démarche s’effectue auprès de la Mairie, entre 16 et 21 ans, il s’agit de formuler "une demande expresse". Elle est refusée aux personnes de plus de dix-huit ans condamnées à plus six mois de prison ferme. Cf Réforme du code de la nationalité.

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