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L'âme populaire du quartier se perd - Mutations urbaines - La république en chantier - Paroles de commerçants - La revue du témoignage urbain

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L’âme populaire du quartier se perd

Au n°7

« Je m’appelle Ugo Colonna d’Istria de Cinarca, je suis pharmacien titulaire, ce qui veut dire que je suis le propriétaire de la pharmacie. Dans quinze jours, ça fera deux ans exactement que je suis installé ici. J’emploie trois personnes. Une des raisons pour lesquelles je me suis installé ici plutôt qu’ailleurs, c’est l’avenir de la rue de la République et le projet Euroméditerrannée. »


L'âme populaire du quartier se perd
 L’âme populaire du quartier se perd

Koinai : Vous avez refait votre devanture, l’avez-vous décidé avant ou pendant les
travaux ?

Bien avant les travaux... dans l’optique des futurs travaux.

K : Est-ce pour une raison de sécurité, d’esthétique ?
Purement esthétique.

K : Vous a-t-on imposé des normes ?
Bien entendu : les architectes des Bâtiments de France ont exigé un style de façade spécifique à l’architecture haussmannienne et qui se rapproche de la façade d’origine telle que la rue de la République était conçue en 1860.

K : Avez-vous reçu une aide financière pour vos travaux ?
Aucune, malheureusement et d’après ce que j’ai entendu dire, il est possible de recevoir une subvention non seulement du propriétaire mais également d’un organisme dont j’ignore le nom, voilà.

K : Les travaux actuels ont-ils un impact sur la fréquentation de votre pharmacie ?
Il est bien évident que le passage est moindre, peut-être que l’activité aurait été meilleure s’il n’y avait pas de travaux.

K : Avez-vous un enregistré un changement de clientèle ?
Un petit peu, y’ a "turn-over", c’est-à-dire un renouvellement des habitants du quartier qui est visible, qui est manifeste. De plus en plus de jeunes couples s’installent dans le quartier, de moins en moins de personnes âgées, une clientèle peut-être moins populaire qu’avant, compte tenu de la hausse des loyers. Mais ce changement sera plus perceptible dans les mois à venir, quand la rue de la République sera rénovée.

K : Que pensez-vous de ces travaux ?
Je pense que c’est une excellente chose, malgré les nuisances que l’on subit depuis quelques mois. Il faut considérer les choses à long terme et ça ne peut être que bénéfique pour le quartier, pour Marseille, pour les habitants, pour les commerçants, pour tout le monde. Ceci dit, beaucoup de gens ont été victimes de cette réhabilitation puisque pas mal d’habitants ont été délogés ; y’avait en fait beaucoup de locataires qui bénéficiaient de baux "Loi 48" qui leur permettaient d’occuper de vastes appartements à des loyers dérisoires, et tous ces gens-là visiblement ont été délogés par les propriétaires. Voilà donc, il y a du bon et du mauvais. Moi, en ce qui me concerne, j’en bénéficierai, c’est certain, mais pour certaines personnes, ça a pas dû être facile.

K : Qu’attendez-vous de ces travaux ?
Qu’est-ce que j’en attends ? Bien évidemment une hausse de mon chiffre d’affaires. Je ne vois pas que le chiffre d’affaires, je suis pharmacien, je ne suis pas commerçant à proprement parler donc je ne vois pas ma profession essentiellement d’un point de vue commercial et financier mais j’en attends une hausse de mon activité ; j’ai bien l’intention que mon affaire prenne de l’importance, que je puisse embaucher, tout simplement.

K : L’ambiance du quartier évolue-t-elle ?
L’ambiance. Alors, ce qui fait que je suis venu m’installer ici, c’est le renouveau de cette rue, d’un autre côté, ce qui est un petit peu dommage c’est que l’aspect populaire du quartier est en train de se perdre et c’est ce qui fait essentiellement son charme. La rue de la République reste un bastion populaire et il est un petit peu regrettable que tous les habitants de ce quartier qui conféraient à ce quartier son âme populaire s’en aillent, que tous les petits commerces de proximité ferment l’un après l’autre au profit de grandes enseignes.

K : Êtes-vous propriétaire du local ?
Pas du local. Je pense qu’aucun commerçant actuellement sur la rue de la République n’est propriétaire de son local parce que la rue de la République appartient à deux bailleurs qui sont Eurazéo et Marseille République, qui est la filiale d’un fonds d’investissement américain [1] dont vous avez dû déjà entendre parler. Mais, en ce qui me concerne, je ne suis malheureusement pas propriétaire, j’ai un bail trois-six-neuf auprès d’Eurazéo et je peux vous dire que le loyer me coûte très cher.

Propos recueillis le 25 mars 2006 par Sékina Oualan ; rédaction Patricia Rouillard.

Notes

[1Lire à ce propos l’article : "Frenchie-sexy la mise Marseille République" dans la rubrique : "Les voix du chantier"

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