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La fin des haricots - Vis ma ville - Qu'elle était verte ma colline - La revue du témoignage urbain

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La revue du témoignage urbain

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Qu'elle était verte ma colline

La fin des haricots

Le dernier légumier de Consolat Mirabeau

Depuis quarante cinq ans qu’il fait le métier, M. Zahra, le "Fruits et légumes" de la résidence Consolat a vu beaucoup de changements s’opérer dans son quartier. Témoin de l’exode des anciens propriétaires, accéléré par la dégradation de la cité, il a vu arriver l’ère des « investisseurs » qu’il nomme lui même « loueurs de sommeil », attirés par un segment de l’immobilier bon marché et beaucoup plus soucieux de rentabiliser leurs investissements que d’améliorer le cadre de vie. Il garde malgré tout l’espoir d’une renaissance de son quartier et d’une réhabilitation de "la Colline", qui était jadis un lieu de promenade apprécié de tous.


Koinai - Pouvez-vous vous présenter ?

Monsieur Zahra - Je m’appelle Monsieur Zahra, je suis le "Fruits et légumes" de la résidence. J’habite ici.

K. - Le quartier a-t-il beaucoup changé depuis les dix ou quinze dernières années ?

M Z. - Oui, il y a beaucoup de choses qui ont changé. Ca fait quarante-cinq ans que je fais ce métier, donc j’ai vu le quartier se construire et, enfin... pas dépérir, mais se stabiliser. C’est malheureux à dire, mais à chaque fois que les investisseurs s’installent, c’est un profit qu’ils font, et ça détériore la cité, parce que c’est des loueurs de sommeil, ils s’en foutent, ils améliorent pas leurs appartements. Quand il y avait beaucoup plus de propriétaires, c’était beaucoup plus entretenu. Ensuite, ça a été mal géré par des syndics. Par exemple, ils ont voulu, soit-disant pour améliorer la résidence, faire les peintures à l’extérieur, etc. Mais malheureusement, le pouvoir d’achat a diminué et ça a pas suivi...

K. - Quel type de population y a-t-il dans le quartier ?

M Z. - Disons qu’il y a beaucoup plus de jeunes maintenant. Parmi les retraités, y en n’a pas énormément parce que, vu la dégradation de la cité, les anciens propriétaires ont vendu, ça fait qu’il y a beaucoup de jeunes, beaucoup de couples.

K. - Donc ce ne sont pas des gens qui sont là depuis longtemps ?

M Z. - Non. En principe, par rapport aux prix des loyers, ils restent pas longtemps, maximum trois ou quatre ans, et puis après ils déménagent ou ils obtiennent un HLM et ils s’en vont. Bon, au point de vue nouveaux propriétaires, il y en n’a pas beaucoup non plus, c’est plutôt les investisseurs, comme les prix des appartements sont pas très élevés, alors les investisseurs, eux, automatiquement, ils achètent et il faut que ce soit rentable.

K. - D’après vous, ce quartier a-t-il une identité forte ? Les gens sont-ils fiers d’habiter ici ?

M Z. - Au départ, oui. Au départ, il y avait une identification, parce que, à la tour, il y avait des inspecteurs des impôts, il y avait beaucoup de fonctionnaires, et c’était, pour les trois quarts, des propriétaires, puisque la résidence était nouvelle. Il y avait beaucoup d’employés du port et des employés de la réparation navale. Après, comme ils travaillaient, ils ont gagné quand même pas mal de sous, ils ont vendu et ils ont construit. Alors là, après (à la tour aussi c’est pareil), les inspecteurs d’impôts, quand ils ont vu que ça commencé à se dégrader, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont vendu. Donc la population a changé au fur et à mesure. C’est devenu plutôt une population ouvrière. Je dis pas qu’il n’y a pas de bons propriétaires, oui il y en a, mais il y a beaucoup plus d’ouvriers que de cadres ou d’employés spécialisés. Il y a quand même des professeurs, il y a le docteur lui-même qui habite ici. Mais par rapport au début de la cité, la population un peu plus aisée a préféré construire, puisqu’à cette époque, il y avait les sous nécessaires, alors tout le monde s’est mis à construire des villas.

K. - Pensez-vous que le quartier a une spécificité par rapport aux quartiers environnants ?

M Z. - Non, non, non. Au contraire, moi j’espère que le quartier va prendre un peu plus de valeur, parce qu’avec Euromed, à l’heure actuelle, il y a des projets jusqu’au Cap Janet, après, à ce qu’il paraît, ça va se poursuivre jusqu’à l’Estaque, donc j’espère que ça prendra de la valeur.

K. - Quelle image pensez-vous que les personnes extérieures ont de ce quartier ? A-t-il une bonne ou mauvaise réputation ?

M Z. - Au point de vue réputation, non, quand même, il n’y a pas de voyous. Il y a quelques petits trucs, mais c’est pas important par rapport à certains quartiers, comme à La Savine ou La Castellane, etc. Il y a des petits trucs de jeunes, qui cassent les interrupteurs, par exemple, mais il n’y a pas trop de dégradations, pas trop de dégâts. J’ai pas trop à me plaindre au point de vue vol. Au point de vue vol de voiture, on n’en entend pas beaucoup, disons une voiture de temps en temps, à un moment donné. Oui, ces jours-ci, aux arrêts de bus, il y a eu trois personnes qui se sont fait arracher le sac, ces jours-ci, c’est tout. On n’entendait pas tout ça, avant. Mais on essaye de trouver les jeunes et de leur dire de faire attention au quartier.

K. - Y a-t-il des espaces publics, des jardins ?

M Z. - Ah, point de vue espaces publics, alors heureusement qu’on a la Colline parce que, ici à la résidence, on n’a pas d’espaces publics. Les moyens nous permettent pas de faire un jardin. Aux Sources, y en avait un, mais comme il y avait certains jeunes qui l’occupaient, ils l’ont supprimé, alors il nous reste que la Colline. Heureusement d’ailleurs.

K. - Que pouvez-vous nous dire à propos de la vie culturelle et associative du quartier ?

M Z. - Il y a le centre social, pour le moment on n’a pas à se plaindre, il y a quand même pas mal d’activités. Mais vous savez qu’à l’heure actuelle, les activités, les jeunes... pas trop, à part les plus petits, mais après quatorze ans, c’est fini les activités. A part peut-être les activités sportives, mais les activités culturelles, c’est pas un quartier culturel...

K. - Souhaiteriez-vous qu’il y ait plus d’activités culturelles ?

M Z. - Non, plutôt l’éducation, plutôt l’enseignement. Parce que, dans le quartier, le niveau scolaire est bas. J’ai ma petite fille qui va à Arthur Rimbaud, et d’ailleurs je pense la mettre dans un truc privé, parce que le niveau, c’est pas ça. Par contre, le lycée Nord, oui. J’ai une autre petite fille qui a fait ses études au lycée Nord, et maintenant elle fait médecine... Mais à Arthur Rimbaud, le niveau est pas trop élevé.

K. - Et en ce qui concerne les commerces ?

M Z. - Ah là, les commerces, c’est fini. Je vais vous dire, on n’a plus de boucherie, on n’a plus rien. On est que trois petits commerçants. Mais avant, c’était tout occupé, il y avait une droguerie, une mercerie, une boucherie, une boulangerie-pâtisserie... Il y a la coiffeuse qui survit, mais maintenant on est plus que trois, c’est tout.

K. - Que pensez-vous de la Colline ?

M Z. - Ça serait bien qu’elle soit mieux entretenue. Je suis au dixième étage et je vois de chez moi : il y a des saletés et tout... Il y a eu plusieurs fois le feu. Et puis, essayer de faire un escalier qui évite la pente aux personnes âgées, ce serait pratique aussi pour les élèves qui veulent aller au lycée Nord, c’est pratique à emprunter.

K. - Il semble qu’il y avait des équipements, des tables... ?

M Z. - Oui, mais ça a été un petit peu dégradé. Il y avait deux, trois jeux aussi, des balançoires... qui ont été dégradés. Il reste les toboggans, ils y sont encore, mais sinon ça a été dégradé. Il y avait un jet d’eau aussi, un peu plus loin des Sources, c’était joli, même les minots venaient, ils se baignaient, tout ça, quand il faisait chaud. Et ça a été cassé...

K. - Et d’après ce que vous avez pu observer, la Colline est-elle très fréquentée ?

M Z. - Oui, elle est pas mal fréquentée, parce que, je vous dis, pour aller à Saint-Louis, c’est un chemin très rapide, ça va vite. Surtout pour traverser. Et vous avez quelques enfants qui jouent, qui font du vélo, non, c’est fréquenté quand même. Et le dimanche, je remarque du balcon, il y a quelques personnes qui font du jogging.

K. - Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour améliorer ce parc ?

M Z. - Un peu plus de plantations, et faire le nettoyage. Plantations et ce fameux escalier. Pour moi, c’est primordial.

K. - Pour conclure, comment voyez-vous le quartier demain, qu’est-ce qui pourrait changer, ce qui devrait changer ?

M Z. - J’espère qu’il s’améliorera, avec Euromed, et que les pouvoirs publics feront un peu plus de transformations. Pour la population. Et être mieux géré par les syndics, aussi. C’est ça le plus... Pour améliorer le confort et la vie quotidienne des habitants.

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