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Grâce à Mitterrand - Sur la route - La revue du témoignage urbain

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La revue du témoignage urbain

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Sur la route

Grâce à Mitterrand

Migrante tunisienne

En 1975, Sherifa Samari a quitté Kef, en Tunisie, pour la France. Après un séjour de deux ans à Tourcoing, chez sa sœur, elle est venue s’installer dans la cité phocéenne qui lui rappelle son pays natal. À cinquante et un ans, elle travaille comme femme de ménage dans des immeubles du côté de la rue de la République. Elle témoigne des difficultés de cet emploi.


K : A quelle occasion êtes-vous venue ?
Je suis venue avec ma sœur. Ouais, j’ai fait le contrat, j’ai fait les papiers lorsque Mitterrand il a donné les papiers en 81. Grâce à Mitterrand. Allah yarhmou, ah ah ah. Je sais pas comment on dit, il est mort, je dis en arabe Allah yarhmou. Et alors, quoi encore, voilà. Je suis descendue à Marseille, j’ai de la famille.

K : En Tunisie, aviez-vous suivi une formation, aviez-vous un travail ?
Non non, j’étais à l’école. Non, j’ai quitté l’école. J’étais collégienne, lycéenne.

Koinai : Depuis combien de temps faites-vous ce travail ?
Ça fait sept ans.

K : Combien d’heures par jour travaillez-vous ?
Je fais temps complet, sept heures. C’est un contrat indéterminé, ça fait sept ans que je suis là.

K : Dans combien d’immeubles travaillez-vous ?
Heu... Comment, c’est-à-dire j’ai trois grands bâtiments dans... pendant sept heures.

K : Aviez-vous déjà fait ce genre de travail ?
Oui, oui oui, j’ai travaillé avec les sociétés de couture, et après le nettoyage, c’est tout.

K : Comment avez-vous trouvé ce travail ?
Ce travail, grâce au syndicat. Parce qu’ils m’ont fait travailler au noir pendant vingt et un jours. Le syndicat, ils m’ont dit ça passe quarante-huit heures, vous êtes embauchée. En premier, par connaissance parce que j’ai remplacé une femme. Pendant la période de... en été, pendant la période de congé.

K : Avez-vous déjà suivi une formation professionnelle ?
Ah non. J’étais RMIste, ça fait neuf ans que je suis RMI.

K : Quel travail auriez-vous aimé faire ?
Ah, je suis pas qualifiée, hein, j’ai aucun métier. Ah, ça y est maintenant, l’âge c’est fini. Ah ah ah. Bientôt la retraite, j’ai cinquante et un ans.

K : Aimez-vous Marseille ?
Ah ouais, ça me plaît, vive Marseille. On dirait que je suis chez moi. Y’a la mer, y’a le soleil, moi je suis une tunisienne, je me considère que je suis en Tunisie.

K : Vivez-vous avec votre famille à Marseille ?
Avec mon mari, mes deux enfants. J’ai une fille de dix-neuf ans et un garçon de quinze ans.

K : Avec votre vie familiale, est-ce difficile pour travailler ?
Non, ils sont grands maintenant, mes enfants, chacun il s’occupe de lui-même.

K : Quand ils étaient petits c’était plus difficile ?
Absolument, c’est normal ça. Ça tout le monde le savent.

K : Avez-vous encore de la famille en Tunisie ?
Oui, bien sûr, j’ai ma mère, j’ai mes sœurs, je rentre chaque année je rentre, je passe mon congé dans mon pays, eh.

K : Comptez-vous passer votre retraite à Marseille ?
Ah ça non. Moi je rentre en Tunisie mais mes enfants non, mes enfants ils ont envie de rester, moi non, moi je rentre, moi.

K : Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Le travail est difficile, pour de bon il est difficile, pour faire les cages et les escaliers comme ça c’est difficile, surtout avec ces travaux maintenant, ah vraiment on s’étouffe avec la poussière et tout, eh. Franchement et on est mal payé, on a aucune prime, rien du tout. Et avec de l’eau froide. Eh oui avec de l’eau froide, bien sûr, c’est la vérité eh, des fois y’a pas d’ascenseurs, on monte six, sept étages avec le balai, avec le seau, avec la serpillère et tout, c’est difficile, eh. Ça, la vérité, c’est difficile. Y’en a qui croient que c’est facile, la femme de ménage, eh beh c’est difficile. Dans les bureaux peut-être elles sont au moins dans le chaud, mais nous dans le froid comme ça, c’est plus dur. Je vous jure là, le mois de janvier y’a l’eau glacée comme ça, une couche de glace, parce que le chef elle vient, elle passe juste devant la porte comme ça, elle s’en va.

Propos recueillis le 24/02/06 par Odile Fourmillier.

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