La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
Antoine au fourneau, elle au créneau
« Femme ? Quand, déjà, j’ai rencontré l’autre sexe, hein ; c’est le regard aussi de l’autre sexe qui m’a renvoyée à mon côté femme. Mais peut-être aussi la féminité de ma mère, le regard de mon père. Déjà la petite fille, elle voit sa mère, elle voit le regard de son père regarder sa mère : y’a déjà de la femme, y’a de l’homme puisque c’est très lié… enfin, dans notre culture. » Hélène Soun, 52 ans, thérapeute.
Ne vous y trompez pas !… Toutes ces taches de couleurs ne font que mettre en exergue des bribes de vie, des instantanés pris sur le vif afin de composer le premier volet d’une mosaïque, aussi flamboyante que le soleil marseillais !
En premier, la passion de partir
Migrant français
« Je rentre cette année dans le club des cinquantenaires, de ceux qui ont mal au cou quand ils se lavent le matin. Il y a six, sept ans je suis parti en Indonésie. Depuis je fais de l’import-export. J’ai une petite fabrique là-bas de meubles en bois exotique. J’ai toujours adoré ce métier-là parce que ça fait rêver, ça fait le voyage. Mais j’avais pas envie de m’installer à 100% à l’étranger, de vivre dans un autre pays. J’avais envie de faire de l’import-export... Ce retour à chaque fois. Normalement je reste sept mois par an en Indonésie et cinq mois en France : deux mois là-bas, un mois ici. » Philippe Escanes, entrepreneur marseillais.
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