La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
I- Confidences de femmes
Quatorze femmes, de tous âges et de tous horizons, ont joué avec nous le jeu du "dernier mot" : il s’agit de terminer des phrases dans lesquelles il manque le dernier mot. Grâce à ce jeu, elles nous ont révélé leur état d’esprit du jour avec beaucoup de sincérité.
En les observant, pendant le remplissage du questionnaire, on remarque des sourires amusés. On peut trouver dans leurs réponses quelques confidences, parfois de la retenue et surtout beaucoup d’humour.
Marin-pêcheur
Depuis l’âge de treize ans, des côtes algéroises aux reliefs phocéens, Mourad Kahoul, quarante-cinq ans, œuvre sur les flots méditerranéens : « Moi, j’ai une polyvalence entre le petit métier : le rouget, la bouillabaisse, la pêche artisanale et après j’ai commencé avec mon père à faire du chalutage : c’est un engin de pêche qu’on traîne sur le fond pour la crevette, pour le poisson noble, hein. Ensuite on a fait la sardine, et après je me suis lancé dans la pêche au thon. » Entre filets et combat, pour le maintien d’une activité traditionnelle.
Les liaisons franco-arméniennes
L’éclatement de l’URSS en 1992 a poussé les Arméniens sur les routes pour la troisième fois en moins d’un siècle. À la suite de ses grands-parents, exilés en France après le génocide puis renvoyés au pays après la deuxième guerre mondiale, Nouné, fatiguée des années de récession économique en Arménie fait elle aussi le voyage vers la France, en 1994. Retour aux sources, celles de son père en particulier, qui avait vu le jour à Marseille en 1934 avant de faire la navette dans l’autre sens en 1948, à bord d’un bateau le conduisant avec ses parents dans son pays inconnu. Récit.
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