La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
« Je viens de la mécanique, moi. J’ai un C.A.P de métallurgiste et après, une dizaine ou une douzaine d’années de mécanique. La cordonnerie, ça s’est fait tout à fait par hasard, en 83, quand j’étais sur Aubagne, entre l’atelier et le garage de mécanique, et un cordonnier qui s’est installé - bon, à un moment donné, euh… le cycle a fermé, on a sympathisé, ça s’est passé comme ça. » Jean Duval, 46 ans, cordonnier rue des Abeilles.
Vous êtes ringard
« Autrefois, quand je regardais les gens, je les imaginais toujours mieux, un petit peu refaits à ma manière, c’était déjà en moi, bien enfoui. L’apparence est notre deuxième langage : on parle avec notre vêtement, nos gestes, notre comportement, nos yeux, nos mots... Mais si le vêtement n’est pas en adéquation avec ce que vous avez envie d’avoir comme image, vous serez éliminé. » Patricia Neyron, 52 ans, conseillère en image auprès des chercheurs d’emploi.
Les liaisons franco-arméniennes
L’éclatement de l’URSS en 1992 a poussé les Arméniens sur les routes pour la troisième fois en moins d’un siècle. À la suite de ses grands-parents, exilés en France après le génocide puis renvoyés au pays après la deuxième guerre mondiale, Nouné, fatiguée des années de récession économique en Arménie fait elle aussi le voyage vers la France, en 1994. Retour aux sources, celles de son père en particulier, qui avait vu le jour à Marseille en 1934 avant de faire la navette dans l’autre sens en 1948, à bord d’un bateau le conduisant avec ses parents dans son pays inconnu. Récit.
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