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Industries Marseillaises

« La voile qui m’a mené »

Articles de marine

Jean-Baptiste Rolland, 25 ans, est gérant du Nautic Pro-Shop, ouvert quai de la Lave depuis 1993 : « Le shipchandler, c’est d’offrir tout un panel d’activités et d’accessoires pour les bateaux à moteur ou à voile. Donc la vente et la réparation de bateaux à moteur, la vente de moteur et la partie accastillage en faisant tous les accessoires pour les bateaux. On ne vend pas de voilier, par contre on a tous les accessoires pour les voiliers. » Manilles, cordages, sextans et vent en poupe.


La voile qui m'a mené
 La voile qui m’a mené

Koinai : Votre activité s’inscrit-elle dans une tradition familiale ?
Oh ! non, ce n’est pas une tradition familiale, les Établissements Robert appartenaient au nom Robert. Moi, je suis tombé là-dedans de par la voile. Mes parents, eux, ont des métiers tout autres que l’accastillage et tout ce qui est lié au nautisme. Moi, je suis arrivé là vraiment par ma passion. C’est une passion pour la mer, tout simplement. J’ai beaucoup navigué, j’ai beaucoup fait de régates avant, beaucoup de voile je n’ai plus le temps aujourd’hui, mais j’en faisais, donc c’est la voile qui m’a mené à faire ce métier.

K : Quels articles trouve-t-on dans votre magasin ?
Eh bè, on a tout une gamme pour le nautisme, de la chaussure de pont aux vêtements étanches et respirants pour le travail sur le bateau. Vous avez de la vaisselle en plastique incassable, tout est adapté spécifiquement à notre activité. Là, c’est les petits radiateurs douze volts, adaptés au système énergétique du bateau. C’est le même matériel qu’à la maison, mais à des formats adaptés au bateau. On a des barbecues, des machines à laver, des chauffages, des réfrigérateurs. Les gens demandent le même confort qu’à la maison plus ou mois donc, c’est à nous à s’adapter aux exigences des gens, trouvant des choses qui puissent s’adapter dans les bateaux. Quelqu’un qui a un bateau de six mètres exige un minimum de confort à bord ; sur cette taille de bateau, on trouve des réfrigérateurs, des glacières, des tauds de soleil, un système de douche à bord, on a pas mal d’équipement déjà.

K : Y a-t-il un matériel spécifique aux bateaux à moteur ou à voile ?
Il y a deux gammes de produits plus ou moins spécifiques, mais les deux se recroisent forcément au moment où les bateaux à moteur comme les voiliers ont besoin à la base du même matériel de fonctionnement et de sécurité à bord. Dans le magasin on a tout ce qu’il faut sur un bateau quel qu’il soit, c’est-à-dire gilets de sauvetage, bouées, matériels de détresse d’assèchement, électronique… Après, chacun s’oriente vers le matériel un peu plus spécifique. Toute la gamme voilerie, cordage et tout ça est beaucoup plus vaste que pour les bateaux à moteur où on a besoin uniquement de carburant. Les matériels qu’on vend le plus pour les bateaux moteurs, nous, c’est le moteur hors bord ; après, on a tout ce qui est matériel courant utile comme l’huile, tout ce qui est entretien pour les moteurs, plus tout ce qui est entretien du bateau lui-même : toutes petites pièces, pièces courantes. On a pas mal de produits d’entretien pour rénover sa coque et sa cabine, des choses comme ça et après on a tout le petit matériel courant qu’on a besoin de renouveler chaque année : manilles, mousquetons, cordages, barbatages, des choses comme ça.

K : Quel type de bateau vendez-vous ?
Eh bè, notre gamme de bateaux s’étend de quatre mètres cinquante à dix mètres et le coeur du marché, c’est aux alentours de six mètres. Ce sont des bateaux utilisés en Mer Méditerranée, enfin, chez nous, quoi. Ça marche bien aussi, oui. Nous, c’est beaucoup de coques dites " open ", toutes ouvertes, adaptées au climat méditerranéen, quoi, qui s’utilisent huit mois de l’année quand il fait beau.

K : Avez-vous une préférence sur les marques ?
Ah ! oui, on a une préférence sur les marques, oui. Chaque fournisseur a plusieurs marques, donc vous dire que telle ou telle marque c’est bien… On a presque quinze fournisseurs, donc ce serait difficile de tous vous les énumérer ; comme fournisseurs principaux on aura Castel Bernard, Plastimo, RIA, Kent… Les moteurs, on a uniquement Yamaha, on est plusieurs concessionnaires sur les Bouches-du-Rhône et on fait partie de ces concessionnaires.

K : Quelle évolution notez-vous sur le matériel d’accastillage ?
Moi, ce que je relève depuis quelques années, c’est un peu la course au poids : tous les matériaux se sont beaucoup allégés depuis une dizaine d’année. Toutes les poulies et quasiment tous les matériaux maintenant utilisent ou du kevlar, ou du carbone.

K : Il y a des modes ?
Ah ! le nautisme, c’est quelque chose d’assez spécial. Ce n’est pas sûrement une mode, hein. Aujourd’hui, c’est des choses qui sont obligatoires à bord, c’est plus une sécurité qu’une mode. Oui, bien entendu, on suit des tendances mais bon, après, une personne qui va changer de bateau, c’est pas forcément parce que son bateau n’est plus sécurisant, c’est souvent une envie d’acheter quelque chose de plus spacieux.

K : Qui sont vos clients ?
C’est tout le monde, Monsieur Tout-le-Monde. On a tout un panel de clientèle entre guillemets commun, des gens aisés, des collectivités, des associations… on touche à toutes les classes sociales. On renouvelle toujours notre clientèle, donc il y a un client qui entre aujourd’hui dans le magasin, il devrait au fur et à mesure de sa fidélité acheter des matériels toujours plus gros, toujours plus chers et tout ça.

K : Quelles sont leurs exigences ?
Que ça marche.

K : Qu’est-ce qui se vend le plus ?
Ce qui se vend le plus, outre les moteurs Yamaha, puisque c’est une grosse partie de notre activité, c’est tout ce qui est produits d’entretien pour les bateaux. Il faut entretenir ses bateaux et hormis l’intérieur des bateaux où on peut utiliser les mêmes produits qu’à la maison, tout ce qui est nettoyage de l’extérieur nécessite des produits assez spécifiques. Des produits biodégradables, un peu plus souples que ce qu’on peut utiliser à la maison.

K : Vendez-vous en ligne ?
Non, c’est un projet mais nous ne vendons pas encore en ligne.

K : Vous travaillez en équipe ?
Grosso modo, on travaille à deux équipes dans le magasin : on a une partie atelier avec trois mécanos où ils travaillent tous ensemble, et nous pour toute la gestion du matériel de l’accastillage en haut, on est cinq personnes.

K : Êtes-vous en relation avec d’autres métiers de la mer ?
Ah ! ben, on a des relations avec plus ou moins tout le monde, les gens qui s’occupent de la sécurité en mer comme la CNCM, la police, les affaires maritimes. On a des relations aussi avec tout ce qui est aquaculture, que ce soit les pêcheurs ou les élevages de poissons que l’on peut trouver sur l’archipel de Frioul, on travaille aussi avec les écoles de voile, avec le CPA, on travaille avec tout le monde.

K : Quelles sont les compétences requises par la profession ?
Heu… je peux pas vous dire, aucune, mais il faut juste avoir envie de se lever le matin et de travailler durement toute la journée. Il n’y a pas de véritable formation proprement dite pour ça. En principe, les gens qui arrivent à s’adapter au métier, c’est qu’il n’est pas arrivé là par hasard ; avant d’entrer là-dedans, ils aiment la mer, ils arrivent d’une manière ou d’une autre : parce qu’ils aiment pêcher, faire de la voile, de l’aviron, mais on n’arrive pas là n’importe comment.

K : Quels aspects du métier préférez-vous ?
Plus ou moins, ce que je préfère, c’est le contact qu’on peut avoir avec les gens de par cette passion qu’on retrouve, une autre occasion avec les personnes qui sont intéressées par les mêmes choses que nous dans le métier donc, c’est quelque chose qui est fort agréable. On arrive forcément mieux à communiquer qu’avec quelqu’un qui ne connaît pas du tout le nautisme, quoi.

K : Et les aspects les moins agréables ?
Ouf ! c’est l’aspect clientèle aussi, qui peut-être très compliqué. Le métier qui est basé sur le loisir, il y a des personnes qui ne font pas trop, pour ainsi dire, la différence entre l’aspect loisir et le sérieux de la chose.

K : Quelles sont les contraintes de votre activité ?
C’est une activité saisonnière, donc les contraintes c’est qu’on fait un travail énormément l’été et assez peu l’hiver donc, c’est un choix mais c’est pas toujours facile, que ce soit pour la gestion des stocks, du personnel et de tout ça.

K : Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Eh ben, c’est les difficultés que tout le monde a, hein, avec le personnel, les clients et les garanties qu’on peut avoir à faire sur certains matériaux ou bateaux.

K : Le métier évolue-t-il ? Comment voyez-vous son avenir ?
Moi je suis dans le métier que depuis cinq ans, donc je peux pas encore me prononcer aujourd’hui pour dire : " Ça a évolué " ou " Ç’a pas évolué. " Je suis jeune mais, pour moi, le loisir c’est une branche qui qui est vouée à marcher dans les années qui viennent : les gens travaillent de moins en moins entre guillemets, donc je vois bien qu’il faut…

K : Quels sont vos projets ?
Ah ! ben, c’est continuer à travailler sur la même entreprise et à vivre correctement.

K : Vous-même, vous naviguez ?
Quand j’ai le temps, oui. La plaisance ça se chiffre en heures et grosso modo, nous, en tant que professionnels, on navigue entre trente et cinquante heures par an donc, ça ne représente pas grand-chose, au plus quatre week-ends.

K : Qu’est-ce qui vous lie au monde de la mer ?
Ce qui me lie au monde de la mer ? Mon métier… C’est tout simple, j’arrive à huit heures, je vois la mer et je pars le soir je vois encore la mer, donc c’est mon métier.

Propos recueillis par Claude Ranaivo le 12/10/07 ; rédaction Odile Fourmillier ; image : Laurent Dumoulin.

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