La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
C’est la loi du plus fort
Au n°88
C’est dans un contexte de crise du logement, caractéristique de l’après-guerre, que la loi du 1er septembre 1948 est votée. En faveur des locataires, elle institue un régime de droit au maintien dans les lieux applicable à des bénéficiaires dont le bail est expiré, et sous certaines conditions. C’est au nom de cette loi que l’artisan Chadlie Naili, signataire d’un bail en 2003, défend sa place.
Pour les uns, les « Asiatiques » mangent (et servent aux étrangers) du chien, et les « Africains » des insectes grillés. Pour les autres, les « Français » mangent des cuisses de grenouilles et du fromage malodorant voire véreux. Ainsi, la frontière alimentaire coïncide avec la porte des restaurants dits exotiques : on n’y entre pas ou avec méfiance puisque, dans le doute de ce que l’on va y manger ou si l’on va apprécier, on s’abstient...
Descendants de migrants arméniens
Petits-enfants de génocidés en Arménie, enfants de réfugiés d’Izmir la turque, Rosa et Berdj n’ont pas grandi sur les terres de leurs ancêtres. Ils doivent au courage des leurs d’avoir pu naître et vivre, mais ailleurs. Lui a vu le jour en Grèce, elle en France. Les destins de ces deux Arméniens se sont croisés à Marseille. Depuis qu’elle les a recueillis, la cité phocéenne les retient dans son nid... En nom et place de leurs ancêtres migrants.
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