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Personne ne peut rien - Mutations urbaines - La république en chantier - Paroles de commerçants - La revue du témoignage urbain

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Paroles de commerçants

Personne ne peut rien

Au n°30

"On a encore trois ans à souffrir, mais d’ici là, on sait pas si on va tenir le coup. Avec un quartier vide, quelles prévisions on peut faire ? On se dit qu’il y aura de nouveaux locataires, que ce soit des particuliers, que ce soit des sociétés, mais est-ce qu’ils seront tentés par SPAR ? - On sait pas." Brahim Bradai, quarante-cinq, gérant depuis 7 ans.


 

Bien sûr, bien sûr, on a eu des incidents, que ce soit par les travaux de la ville, c’est-à-dire le parking et le bassin ou bien par les travaux de ravalement des façades, avec l’échafaudage et tout ça. Il y a eu d’énormes problèmes de livraison, parfois le camion est parti sans livrer parce que la Mairie interdit le stationnement en double file. Maintenant, les gros camions viennent le matin tôt, à six heures, comme ça on gêne personne et personne nous gêne. C’est au niveau du chiffre d’affaires qu’on n’est pas tranquille, on a perdu 50, parfois 70%. C’est-à-dire on n’a plus de clients, tout le monde est parti. Tenez, regardez, y a personne qui passe. Le chantier partout, mal organisé, mal fait, tout en même temps. On peut pas se garer, on peut même pas passer sur les trottoirs, on peut même pas traverser pour venir chercher ce qu’on a besoin. Ça commence à faire, c’est-à-dire, regardez tous les commerces qui ont fermé dans la rue parce qu’ils ne peuvent plus faire face au manque de clients et le client ne peut plus accéder à ces commerces, c’est comme nous.

Quand on a râlé

On prévoit, oui, mais dans trois ans. Nos prévisions sont bonnes, mais d’ici là, qu’est-ce qu’on va faire ? Avec quoi on paye les salaires, avec quoi on paye les charges, avec quoi on paye le loyer ? On a à payer nous, comme magasin, trente mille euros par mois : salaires, charges, électricité, 6300 euros de loyer, téléphone, taxe... je ne sais pas quoi. Monsieur Gaudin, qui a ouvert ce chantier, il nous a même pas dispensés de quelques taxes, même les taxes qui concernent la Mairie, il a même pas pensé à ça. Quand on a râlé, "Ah, tiens, on va vous faire indemniser. Alors il nous faut ça, ça, ça, ça, les bilans, les taxes..." Ça fait sept mois que ça dure, plus que ça même, ça fait un an que ça dure. À chaque fois, il nous demandait un papier à fournir. Dernièrement, il nous demande la déclaration de la T.V.A. de 2002, mais franchement ça sert à quoi de demander ça ? Moi, je vois pas, car ils doivent faire la comparaison entre 2003 et 2004, et 2005. Ils peuvent aller sur trois ans, parce que les travaux ont démarré en mars 2005. Revenir à 2002, c’est insensé ! C’est-à-dire, ils veulent jouer sur nos nerfs, parce que ce qu’ils demandent de 2002, moi, je ne l’ai pas. Alors, personne n’est indemnisé.

Laisser tomber ?

On ne part pas. On a acheté le fonds de commerce, mais on est locataire, avec un bail trois-six-neuf, quatre-vingt-dix-neuf ans ; le bailleur c’est la société A.N.F. On a un projet d’aménagement qui doit être réalisé d’ici trois mois, on attend toujours les autorisations, on les a demandées ça fait quatre mois, et on attend toujours.
En ce moment, j’ai laissé tomber, c’est ce qu’ils veulent, que les commerçants laissent tomber. "Comment on va les faire laisser tomber ? En demandant des papiers qu’ils peuvent pas fournir." Moi, je l’ai dit à un journaliste de La Provence : "Ça sert à rien, monsieur Gaudin, il a fait ce qu’il a voulu, il a cassé la gueule de plus de cent commerçants sur la rue de la République, il a fait partir plus de 80% de la population, c’est ce qu’il voulait, il l’a eu, voilà." Et l’année prochaine il va passer pour les élections, il va passer. Et personne ne peut rien, je vous le dis, y a personne qui peut faire quelque chose, que ce soit pour les habitants, que ce soit pour les commerçants, personne ! Les habitants, ils ont fait même des manifestations. La loi française interdit de faire partir de chez eux, de leur appartement entre le mois de novembre et le mois de mars.

Par la suite

Si on est encore là... D’après eux, ils disent que ça va être une merveille pour certaines gens, mais pour d’autres personnes, non. Non, pour moi ça va être trop snob. Il y aura une autre classe qui va habiter, il y aura que de l’administration, donc une baisse de consommation, c’est sûr, parce que, nous, les commerçants, on se fait travailler hein. Comme mon voisin il est là, il me fait travailler, ça c’est sûr automatiquement. Mais comme rue, ils disent que ça va être beau.

Propos recueillis en février 2006 par Étienne Barbier et Hamed Messis ; rédaction : Patricia Rouillard.

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