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Beaucoup de dames viennent - Mutations urbaines - La république en chantier - Paroles de commerçants - La revue du témoignage urbain

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Paroles de commerçants

Beaucoup de dames viennent

Au n°7

Claude Maheut, caviste de son état, propriétaire de son fonds de commerce depuis dix ans, profite du mouvement général de rénovation sur l’artère euroméditérranéenne pour redorer son enseigne et changer de blason : "La cave à Gustave" devient "Le jeune..." - Pardon - "Le Vieux Cep". Enchanté du chantier.


Beaucoup de dames viennent
 Beaucoup de dames viennent

Koinaï : La rénovation de votre devanture vous a-t-elle été imposée ?
Non, on ne me l’a pas imposée, c’est volontaire, c’est un projet que j’avais depuis que j’ai acheté le magasin, ça va faire dix ans le premier mai. J’y suis arrivé en 93, je l’ai tenu près de trois ans pour la société à qui il appartenait. J’ai acheté en 96, le fonds est à moi mais je suis locataire des murs. Le propriétaire c’est ANF. Là on a re-signé pour dix ans, j’ai encore huit ans, huit ans et demi de bail, oui. Eurazéo, enfin ANF - maintenant ça s’appelle ANF - m’a aidé financièrement pour les travaux.

K : Pourquoi avoir changé de nom ?
C’était "Cave à Gustave" mais moi, si vous voulez, depuis le départ je voulais l’appeler "Le Vieux Cep". Je l’avais pas fait à l’époque parce que les enseignes qu’on avait n’étaient plus conformes donc il fallait faire beaucoup de travaux. Quand j’ai pris le magasin j’ai préféré acheter du vin que d’investir dans les travaux, voilà... Bon là, je voulais refaire ma devanture alors j’en ai profité pour changer l’enseigne et mettre le nom qui me plaisait quoi ! Voilà.

K : Pourquoi avoir rénové pendant les travaux sur la rue de la République ?
Je ne me voyais pas une fois la rue finie, moi, me mettre dans les travaux. J’ai préféré suivre le mouvement, pour que ce soit fini et propre et neuf en même temps que le chantier. Puis, c’est aussi par gentillesse envers mes clients fidèles depuis dix ans, quoi, qu’ils puissent venir dans un endroit agréable. C’est aussi un investissement pour l’avenir quand je prendrai ma retraite et que je vendrai le magasin.

K : Ces transformations suivent-elles un cahier des charges, des normes imposées ?
Il y a sûrement des normes, mais moi je ne m’en suis pas trop occupé parce qu’en fait j’ai pris un architecte. Moi, je lui ai dit un peu ce que je voulais et c’est lui qui s’est occupé après des détails parce qu’étant seul au magasin, j’ai pas le temps, moi, d’aller voir les architectes de la ville. C’est moi qui ai choisi la couleur de la devanture ; j’ai voulu une couleur de lie de vin. Lie de vin... ça va très bien pour une cave !

K : Les travaux de la rue ont-ils un impact sur la fréquentation du magasin ?
Actuellement oui, on a une perte de chiffre, ça c’est indéniable. Les travaux, c’est le bruit... Ce qui nous pénalise plus en ce moment, c’est les tuyaux du bassin de rétention d’eau devant le magasin. On est derrière des palissades depuis bientôt quatre mois, c’est lourd à porter. Avant, le soir, mes clients passaient en voiture, s’arrêtaient deux minutes... Maintenant y a plus moyen, je veux dire, on est complètement bloqué.

K : Avec l’arrivée de nouveaux habitants, avez-vous enregistré un changement de clientèle ?
Non. Je sais pas s’il y a beaucoup de gens nouveaux d’arrivés encore dans le quartier, enfin moi j’en vois pas beaucoup. Pour l’instant, j’ai ma bonne clientèle, fidèle depuis longtemps. C’est bien, déjà ! Y a le client de tous les jours, y a le client occasionnel, y a le client des cadeaux de fin d’année. Y a des clients fidèles donc qui, même qui travaillent à Aix ou autre, s’arrêtent en rentrant chez eux le soir. Mais bon, la nouvelle clientèle pour l’instant, je vous dis, je vois pas le changement.

K : Qui sont vos clients ?
Disons que c’est un magasin qui existait déjà depuis de nombreuses années. Quand je l’ai racheté, je connaissais déjà ma clientèle, je savais le potentiel de ce magasin. Y a de tout, je veux dire, les gens du quartier : on a beaucoup de jeunes qui s’intéressent au vin, avec des budgets pas forcément immenses, mais bon, on fait un très bon travail ensemble. Ils me demandent conseil... Beaucoup de dames viennent en me disant : "Je vais avoir des invités, je vais faire ceci-cela à manger. Qu’est ce que vous nous conseillez ?" Ce qui est intéressant c’est qu’on fait aussi un bon travail de caviste-conseil.

K : Que pensez-vous des travaux sur la rue ?
Je trouve que c’est une bonne chose, ça en avait besoin, c’est une rue qui commençait à vieillir énormément, beaucoup de magasins étaient vétustes... Non moi je pense, pour moi personnellement, je pense que c’est une bonne chose, oui.

K : Quand prendra fin ce chantier, selon vous ?
Devant le magasin tout ce qui est pour le bassin de rétention d’eau normalement on nous a promis que fin juin ça devrait être fini et la rue refaite. Bon, après, faut pas qu’il y ait trop de problèmes techniques, quoi, je veux dire... Toute cette partie-là, normalement, devant mon magasin, devrait être finie au mois de juin.

K : Qu’attendez-vous de ces travaux ?
De reprendre notre travail normalement comme avant. Puis je pense que ça va attirer aussi des gens de l’extérieur qui vont venir voir ces trucs dont on parle depuis maintenant quatre, cinq ans ; on en parle partout, y a même des étrangers qui viennent et qui me disent qu’ils en ont entendu parler. Je pense que ça ne peut être que mieux que ce qu’on vivait il y a trois ou quatre ans.

K : L’ambiance du quartier s’est-elle modifiée ?
Oui, beaucoup de magasins sont fermés, c’est vrai qu’on voit assez moins de monde. Peut-être que des gens aussi sont partis, mais pour l’instant on sent pas trop encore... je veux dire, c’est encore trop tôt. Je pense que c’est un sujet qu’il faudra aborder plus tard. Pour l’instant, le reste : la même clientèle avec les habitudes d’avant, quoi !

K : Craignez-vous l’arrivée de grandes enseignes ?
D’après les bruits qui courent y a de grandes enseignes de prévues, bon, bien maintenant j’en n’ai pas encore vu puisque tout est en travaux. "Craindre" ? Je sais pas... mais enfin je pense quand même qu’il faut garder des commerces traditionnels pour les gens du quartier, les grandes enseignes c’est bien mais... on va pas acheter un sac x ou y ou z tous les jours, quoi ! Alors qu’une baguette de pain, une bouteille de vin, on en a besoin.

K : Que pensez-vous du montant du loyer ?
Ben... vu le prix actuel, si vous voulez, du mètre-carré un peu partout à Marseille, même partout en France, quand on regarde... Non c’est raisonnable pour la qualité, quand même... On est quand même près du port, on est bien placé. Je trouve... enfin, à mon avis, c’est raisonnable, quoi !

K : Quelle est la superficie de votre local ?
Total ça doit faire, avec le bureau, un peu plus de 100 m² je pense, à peu près quoi, parce que je n’ai plus les chiffres en tête.

K : Pensez-vous que la rue de la République est un bon placement ?
Ouais je pense. Enfin, si moi j’ai fait ces travaux-là c’est que j’y crois, sinon j’aurai rien fait. Peut-être pas l’explosion mais au moins reprendre et faire quelque chose de bien quoi ! L’explosion, ça c’est autre chose, ça dépend du contexte général aussi, ça n’est pas que la rue. On n’est pas un état dans l’état.

K : Pensez-vous que cette rue fera concurrence aux rues de Rome, St Ferréol ou Paradis ?
Concurrence, je ne sais pas, non, ça pourrait être "complémentaire" je dirais. Voilà.

Propos recueillis le 8 avril 2006 par Sékina Oualan ; rédaction : Patricia Rouillard.

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