La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
Donc merci maman quoi !
« Je suis devenue féministe le jour où ma mère a donné du beurre et de la confiture à mon frère et nous a refusé à nous. J’avais huit ans, et ça a été le début du féminisme, parce que je voyais que les mères elles élevaient différemment leurs filles que leurs garçons. D’ailleurs c’est prouvé ; je sais pas si c’est Dolto qui dit que "les garçons sont baignés huit minutes de plus que les filles". Donc j’ai eu une révolte, ça a été le début de ma rébellion. » Monique Doehr, 60 ans, comptable, à quatre jours de la retraite.
Evelyne, 51 ans, est mariée depuis trente ans. Elle est grand-mère et travaille dans un Centre Interinstitutionnel de Bilans de Compétences. D’une grande lucidité, elle nous dessine le portrait de sa vie de femme. Pour elle, aucune ne ressemble à une autre...
« L’aspect clinique de la blouse, du pantalon, les sabots, c’est relativement récent. Ça dénote d’une nouvelle génération. Un jour je me suis rendu dans le cabinet d’un de mes enseignants, d’une notoriété très importante. Son cabinet était vieillot : il y avait de la moquette au sol et en terme d’asepsie c’était plutôt moyen ; il travaillait en jean, sa blouse par-dessus sa chemise de ville… Ce monsieur doit être à la retraite maintenant. » Florian Chauve, chirurgien dentiste.
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