La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
Antoine au fourneau, elle au créneau
« Femme ? Quand, déjà, j’ai rencontré l’autre sexe, hein ; c’est le regard aussi de l’autre sexe qui m’a renvoyée à mon côté femme. Mais peut-être aussi la féminité de ma mère, le regard de mon père. Déjà la petite fille, elle voit sa mère, elle voit le regard de son père regarder sa mère : y’a déjà de la femme, y’a de l’homme puisque c’est très lié… enfin, dans notre culture. » Hélène Soun, 52 ans, thérapeute.
Vierges et figures saintes du coin des rues
Le nez en l’air, a l’affut de la moindre statuette logée dans les niches ménagées à l’angle des rues, j’ai arpenté Marseille, l’une des plus anciennes cités chrétiennes de France…
Ici les rues sont habitées de discrètes et silencieuses présences. Là une Vierge à l’enfant, ici Saint Christophe ou Saint Roch, celui qui préserve de la peste, là encore un évêque dans une attitude de compassion et d’humilité.
Migrant arménien
L’Araxe, désormais turque, étirait autrefois son lit entre les Arméniens de l’Ouest et ceux de l’Est. Après le génocide de 1915, la rivière intérieure s’est vu attribuer le statut de frontière naturelle entre deux peuples. Natif d’Erevan, Samuel Soukiassan a pu être élevé, côté Est, dans la partie non annexée au pays de ces ancêtres : il est né arménien, en 1967. Il a donc grandi, jusque dans les années 90, dans un contexte communiste. La fin du système soviétique a sonné, pour lui, l’heure du départ. Terminus : Marseille. Soliloque.
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