La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
Tuilerie marseillaise : et s’il n’en reste qu’une…
La tuile, c’est son métier : depuis juin 2006, Patrice Pincemail, 38 ans, dirige l’usine Lafarge sur le chemin de Saint-Louis au Rove, quartier Saint-Louis : « On reste sur du produit très méditerranéen, c’est-à-dire à fort galbe, qui rappelle un peu la forme de la tuile canal qui était fabriquée aux Milles et qui est traditionnelle : c’est ce qui se vend encore, depuis très très longtemps. » Toitures et savoir-faire coutumiers : palette et paysage régional, au rythme des saisons et des exigences.
Pour Karine, vingt ans, et Valériane, vingt-et-un ans, toutes deux inscrites en deuxième année de droit à la faculté d’Aix-Marseille, l’argent reste indispensable dans le couple. Mais pour Valériane, gagner un revenu plus élevé que celui de son mari paraît anormal dans la mesure où cela risque de susciter un complexe d’infériorité chez l’homme. Les deux filles donnent aussi leurs sentiments sur l’épanouissement de la femme et sur le couple.
Elle aime La Viste au point de ne pouvoir s’en éloigner plus de quelques jours et c’est presque la déprime. Ailleurs, c’est ennuyeux, il ne s’y passe jamais rien... C’est Corinne Beigbeder, mère au foyer et bénévole au centre social. La Viste au quotidien vue de l’intérieur, à bâtons rompus, on visite le quartier, on y fait les courses, on parle des habitants du 38, du 74 et de ceux de l’avenue, des clivages, des liens qui se nouent peu à peu, de la solidarité entre voisins, de la chaleur humaine si prégnante lors des fêtes de quartier. Le projet du Parc Hanoi ? Ce serait bien pour briser les cassures, promener les enfants et aller prendre l’air... quand les frigos déglingués, les canettes rouillées et les voitures brûlées auront été déblayés !
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