Migrant marocain
Originaire de Casablanca au Maroc, Mohamed El Kamidi, cinquante-deux ans, vit à Marseille depuis 1971. Après avoir été manutentionnaire, il est à la recherche d’un emploi depuis plus de deux ans. Affres du chômage et écueils rencontrés à la poursuite d’un travail.
Koinai : Quelles démarches effectuez-vous pour trouver un emploi ?
Eh beh, connaissances, autrement l’ANPE c’est pas évident. Avec l’ANPE c’est pas évident. Si on a pas de connaissances on peut pas trouver un emploi.
K : Quel emploi aimeriez-vous trouver ?
Heu, j’sais pas, moi... Chauffeur-livreur.
K : Êtes-vous aidé dans vos recherches par une structure ?
Non non, j’y vais pas là, c’est de la connerie. Non non non, non non non, les CV je les fais moi-même. J’ai quand même un niveau bac donc je peux... Non, à part l’ANPE non non non, à part l’ANPE non.
K : Quelles difficultés rencontrez-vous pour trouver un emploi ?
Eh beh, j’sais pas : tout. Y’a plein de difficultés là, chaque fois on vous demande l’expérience, si vous avez une expérience, et après il faut faire un CV ; après, le CV ça lui convient pas ! J’sais pas, moi, c’est toujours... On tombe dans un cercle vicieux, donc c’est toujours difficile. C’est pas évident hein, toutes façons. C’est une situation très, très difficile à vivre, oui. Oui, c’est très difficile.
K : Avez-vous déjà suivi une formation professionnelle ?
J’ai suivi déjà, électricien. Une formation de six mois. Ça n’a pas marché. Ça n’a pas abouti. Quand vous avez un diplôme on vous demande l’expérience, alors ça sert à rien. C’est toujours ouais, alors vous allez là-bas on vous demande, j’ai jamais travaillé, j’ai jamais fait d’électricité, ou alors je l’ai fait depuis quatre ans cinq ans ils disent non, vous avez perdu la main, donc trouvez un emploi comme chauffeur-livreur, ou comme quelque chose d’autre mais l’électricité non, c’est plus...
K : Aimeriez-vous suivre une autre formation ?
Eh... à quoi ça sert, d’abord, si ça peut rapporter quelque chose de concret oui, pourquoi pas.
K : Aimez-vous Marseille ?
Beaucoup. Parce que j’sais pas, moi, c’est la nostalgie, c’est Marseille, quoi. On peut pas aimer une autre ville que Marseille, c’est impossible.
K : A quelle occasion êtes-vous venu en France ?
Je suis venu avec mes mes parents, quoi. J’avais quel âge ? J’avais quatorze ans, ouais.
K : Avez-vous vécu dans d’autres villes en France ?
À part Marseille, non. J’ai ma fille qui travaille à Paris, je vais de temps en temps à Paris, mais...
K : Seriez-vous prêt à vous déplacer pour trouver un emploi ?
Bien sûr, pourquoi pas ? Attention, si j’ai un logement hein, parce que j’ai quand même quatre enfants, là. Et là j’habite juste en face dans ce bâtiment, ce beau bâtiment donc... Si je trouve un logement, oui.
K : Aviez-vous suivi une formation professionnelle au Maroc ?
Non non non non, j’étais petit, non.
K : Vous n’avez pas travaillé au Maroc ?
Non non, jamais.
K : Vivez-vous avec votre famille ici ?
Ouais ouais ouais, ma femme et mes enfants. J’ai une grande fille qui travaille sur Paris maintenant, elle était ici demandeuse d’emploi, elle est allée à Paris, elle a trouvé un emploi plus facile, elle a eu la chance de trouver un appartement aussi. Voilà. Elle fait assistante sociale, donc ça va, elle s’en sort bien.
K : Avez-vous de la famille au Maroc ?
Mes cousines et mes cousins, c’est tout. J’y vais de temps en temps oui, en vacances, chaque année, presque. Parce que ma femme aussi elle est du Maroc, de Marrakesh, donc...
K : Comptez-vous rester en France pour votre retraite ?
Bien sûr.
K : Avez-vous quelque chose à ajouter de particulier ?
Je suis contre le CPE là, leur truc bidon là, c’est un truc bidon là, ça va permettre aux employeurs de licencier au bout de deux ans et demi : deux ans et onze mois, vous êtes jeté, ça c’est sûr. C’est un truc bidon là, ça ne tient pas là, ça va pas tenir la route. C’est de la connerie. Moi je vous le dis, hein. Déjà avec trois mois, tu as un contrat indéterminé, tu travailles trois ans, au bout de deux ans onze mois ils vont te licencier, ils vont te jeter, c’est ça. Eh ouais c’est ça, bien sûr, comme ça y’aura pas de frais supplémentaires, ni de contraintes.
Propos recueillis le 17/02/06 par Odile Fourmillier.
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