Mauvaise épouse, bon professeur
« Ma mère n’a jamais travaillé. Quand j’étais petite, j’ai entendu - j’ai un souvenir précis - ma mère dire à mon père : "Georges, je n’ai plus d’argent, tu pourrais me donner ma semaine ?" Il disait : "Oh l’argent, tu crois que je le fabrique ?" Il devait pas en avoir non plus, ou il voulait pas en donner, je sais pas, et j’avais honte pour ma mère, et je m’étais dit : "Moi il faudra pas que ça m’arrive." Même si j’avais des coups au coeur, ma vie était axée pour réussir, bien travailler, être autonome financièrement. J’ai été nommée professeur à Gap. Ensuite je suis venue à Marseille, pour suivre mon ex-mari. J’ai été d’abord professeur au lycée Longchamp, et puis au lycée Nord. » Odile Hartmann-Mondon, 68 ans, membre de Radio Galère.
J’ai fait mes études à Valence, dans une école privée tenue par des trinitaires. Il y avait pas que des sœurs, il y avait aussi des laïcs. Dans ma famille, les garçons allaient au lycée et les filles dans l’école privée. J’ai donc une éducation très stricte, mais en même temps, je dois le dire, il y avait des enseignantes qui avaient un esprit très ouvert. Et je dois dire que je n’ai pas eu à ce moment-là, de la religion une formation qui me semblait très rude. Quand j’ai passé mon bac j’avais la trouille, bon ensuite ça c’est bien passé, mais j’ai été atteinte à l’âge de dix-sept ans de la poliomyélite. Par conséquent j’ai dû redoubler ma classe de philosophie, et ce moment-là je me suis inscrite à l’enseignement par correspondance où j’ai bien travaillé et bien réussi. Ensuite ça a été l’université : j’ai fait mes études à Lyon, je faisais en même temps de la rééducation et c’était dur, c’était sévère. Je me souviens que j’avais très très peu d’argent. Je suis consciente quand même que j’ai fait des études d’une façon très privilégiée, parce que je n’avais pas besoin de travailler. Mes parents me payaient ma chambre, j’avais aussi une bourse la première année pour raison de handicap. J’ai quand même eu des années dures, je rigolais pas trop : il y avait les cours, travailler pour préparer les cours et la rééducation. J’avais pas trop de temps pour rien à côté, mais tout de même j’ai été privilégiée, ce qui m’a permis de réussir - contre toute attente ! Personne n’y croyait, même pas mes camarades - l’Agrégation et donc d’avoir une bonne situation. Je me souviens que mon père avait fait le voyage de Valence à Paris pour venir écouter les résultats, moi à ce moment-là je pleurnichais parce que j’avais un chagrin d’amour. Il me disait : "Tu ne sais pas ce que tu viens de gagner." Je lui disais : "Non non, je le sais pas !" J’étais beaucoup plus soucieuse pour mon chagrin d’amour. Alors donc après, je me mets à travailler, parce que j’avais toujours dit : "D’abord le travail." Je trouve que quand même je me vois pas ayant fait autre chose, c’est vrai.
Koinai : Quelle image gardez-vous de votre mère ?
Moi, fille aînée. Évidemment le père, mon père… Et ma mère était à la maison, elle était de santé fragile. J’ai toujours connu maman avec des aides, des employés de maison. Donc, ma mère : un ne travaillait pas, deux avait des bonnes, et trois me demandait de l’aide à la maison aussi ; et moi je trouvais que c’était beaucoup, et j’étais pas contente, je m’entendais pas très très bien avec ma mère. J’avais une dizaine d’années. Et quand mon père rentrait du travail, maman lui disait tout ce qu’on avait fait de pas bien dans la journée ; on se faisait gronder et j’aimais pas du tout ça. J’ai un autre souvenir, tiens, qui me revient maintenant : je devais avoir huit ans, eh bien j’avais la croix d’honneur, parce que j’étais une très bonne élève, puis très sage. Eh bien ma mère, comme j’avais pas été gentille à la maison, m’avait dit : "Tu vas aller rendre ta croix d’honneur en disant que tu ne la mérites pas." J’étais très vexée, j’avais pas le raisonnement suffisant à l’époque pour dire que la croix d’honneur c’est pour l’école, c’est pas pour la maison. J’ai ramené l’institutrice. J’ai vu qu’elle était un peu… mais elle n’a pas pipé mot - les parents c’est sacré, la famille c’est sacré - elle n’a pas pipé mot, et elle m’a pris ma croix d’honneur. Non, la famille ça m’a jamais… J’ai une éducation stricte mais la famille c’était pas pour moi une valeur. La fête des mères c’était affreux, il fallait faire une petite rédaction, et alors moi qui étais toujours première en rédaction je me trouvais à la fin… parce que j’avais pas trop à dire sur toutes les choses que faisait ma mère. Depuis j’ai beaucoup changé, je me suis rendu compte que j’aurais pu écrire des choses originales et très bien, disant : "Maman, elle n’est pas comme les autres. Maman, c’est pas la première levée pour nous préparer le petit déjeuner, maman c’est celle qui veut toujours nous faire prendre nos chandails et nos parapluies, et qui nous embête un peu mais bon…" J’aurais fait un contre-portrait de la maman traditionnelle, et ça aurait été très bien. Mais j’avais pas encore la liberté d’esprit nécessaire pour me rendre compte que ma mère était exceptionnelle, parce qu’elle avait pesé sur moi. C’était quelqu’un qui, à sa façon, nous a beaucoup apporté à tous les enfants et surtout je pense aux aînés.
K : Quelles valeurs votre mère vous a-t-elle transmises ?
Pour moi c’est essentiellement la liberté de l’esprit. Elle avait fait du scoutisme, elle a tenu à ce que j’en fasse. Alors c’était une troupe avec des filles pas tellement "de mon milieu" comme on disait, et je m’entendais très bien, et ça a été la vie dans la nature, la vie avec des gens que j’aurais pas fréquenté sans ça, et je dois beaucoup, je pense, à ma mère. Elle avait donc quand même un esprit très indépendant, et quand je lui disais : "Ah ben, les petites Aubert - c’était mes meilleures amies - elles font ça, leur maman fait ça, alors moi je veux faire pareil", elle me disait : "Mais je ne suis pas madame Aubert et je fais ce que je veux." Et elle m’a donc appris, je pense, une grande liberté d’esprit. Donc une éducation, pour résumer, stricte mais en même temps une certaine indépendance d’esprit, et certainement ça tient à ma mère, ça, donc je peux lui rendre hommage. Ma mère était très soigneuse, elle pesait les choses avec beaucoup de méticulosité, ça je suis pas comme elle, mais ma soeur serait plus comme elle. Elle était femme au foyer, elle en souffrait je pense, mais elle tenait à bien faire ce qu’elle avait à faire. Et elle était très attentive à ses enfants, elle disait : "Je vous entends respirer la nuit." Mais ça je peux pas dire que j’étais comme elle.
K : Quelles sont les différences et les ressemblances entre vous et votre mère ?
La différence est essentiellement professionnelle, puisque j’ai travaillé, ma mère non. C’était une brillante étudiante en philosophie, mais quand elle a épousé mon père, elle n’a pas continué ses études. Elle l’a épousé à l’âge de dix-neuf ans, et elle m’a eu à vingt ans, c’est dur. Et sinon et ben dans le fond je trouve que je lui ressemble et en vieillissant, comme me dit ma jeune soeur : "On ressemble de plus en plus à notre mère." Mais peut-être que je lui suis reconnaissante de m’avoir donné beaucoup de liberté de pensée, mais en même temps, elle avait un tel désir d’indépendance que peut-être que je tiens d’elle d’avoir pas trop envie de m’engager de trop, hein, alors Radio Galère ça me va très bien, parce que c’est quand même souple.
K : Qu’est-ce qui vous amène à vous marier ?
Je l’ai rencontré en 64. À Gap, j’ai rencontré une fille qui était dans la même institution que moi, et son mari s’est trouvé être le frère du monsieur que j’ai épousé. En riant il nous faisait remarquer à l’époque - depuis, on a quitté, on a divorcé - qu’on était absolument dans la norme, parce qu’en gros les gens se marient dans le cercle déterminé par leur famille. Et mon ex beau-père et mon père avaient tous les deux milité pour le MRP et mon père m’emmenait à des réunions politiques où je voyais donc ce monsieur Hartmann. Et alors au fond, il y a eu une sympathie, une confiance et c’est assez rapidement, je crois au bout d’un an, qu’il s’est déclaré. À ce moment-là j’avais été invitée par d’autres - oui, parce que les gens voulaient quand même me marier, maintenant que j’avais ma situation - alors je sentais une pression là-dessus. Mais c’est par là que je suis allée, vers où c’était le plus près, et où vous avez le plus de sympathie, parce que je l’avais déjà rencontré et donc là il s’est déclaré et on s’est marié un an après, d’une façon vraiment tout à fait classique. J’ajoute quand même que moi j’avais pas envie de faire une grande fête de mariage. Je disais que c’était pas utile de faire tant d’histoires pour se mettre ensemble, quoi, mais c’est mon ex-mari qui a dit : "Mais non, il faut quand même une belle fête." Alors donc on a eu une belle fête, robe blanche et tout tout. Il parait que je me suis trémoussée pendant la messe, puisque j’avais demandé qu’on ne dise pas l’épître de St Paul : "Femme, soyez soumise à votre mari." J’avais demandé, mais le prêtre, il l’a pas fait du tout. Il paraît que j’ai manifesté mon mécontentement, mais sans plus hein, quelque part, quelques gestes.
K : Comment avez-vous vécu votre vie de couple ?
J’étais une maman et une épouse très heureuse, et puis quand mon mari a commencé de faire quelques écarts, j’étais complètement consternée. Ensuite, bon, ben on en a parlé, on était sur le plan de la liberté réciproque, mais enfin je dois dire qu’il prenait beaucoup plus de liberté que moi. Puis un beau jour il m’a annoncé qu’il partait, et il est parti et j’en étais comme deux ronds de flan parce que pour moi, le mariage, c’est plus une alliance que quelque chose qui est fondé sur… comment dire, le désir ou le… Et on s’entendait bien, on s’est toujours bien entendu. Mais un beau moment, il m’a dit : "J’ai rien de spécial à te reprocher, mais j’ai envie de vivre autre chose." Je pense qu’en effet il avait besoin de ça. J’ai déprimé, j’ai fait une grosse déprime deux ans après. Oui, je trouve que c’est un peu dur, quoi, de se retrouver toute seule et de… J’ai des amis, mais je continue de trouver difficile la vie depuis qu’il est parti, parce qu’autrefois on vivait en communauté et là, ben j’ai pas pu rester. Donc cette vie en communauté a été cassée par son départ. J’ai pas pu maintenir et ça me manque, ça me manque. On était dans une grande maison à plusieurs couples et célibataires - bon je dis communauté c’était pas une communauté sexuelle - alors selon les gens ils étaient choqués : "Comment, vous avez les mêmes W-C, vous avez la même salle de bain, vous avez la même cuisine ? Et pourquoi il y a toujours une chambre qui doit rester libre ?" On disait : "Mais c’est pour le passage !" Et c’est-à-dire : un passage avec qui il est parti… Enfin bon.
K : Vous êtes-vous remise en couple ?
Alors voilà une bonne question… Les dernières années que j’ai passées avec mon mari, j’avais un ami que je voyais de temps en temps. Comme me disait une amie : "Odile, c’est un amant, rien que pour le plaisir." Et pour moi il n’était pas question que ça change quelque chose dans l’alliance que j’avais avec mon mari, avec qui je m’entendais bien et physiquement aussi. Et donc j’ai continué et là je dois dire qu’au moment où donc j’ai divorcé, je m’étais dit que nos relations, à mon ami et moi, allaient se resserrer un peu - pas au point de se marier, moi j’étais mariée une fois, j’ai mes enfants, j’ai déjà donné, hein, ça va. Mais ça ne s’est pas fait et je pense que j’en ai souffert. Il a dû avoir peur d’un trop grand engagement, et bon, nos relations subsistent, mais elles n’ont pas changé. Je remarquais ça et je lui disais y a pas très longtemps : "Quand même, mais comment on s’est débrouillé… Ben c’est que ça doit nous arranger tous les deux." Moi j’ai souvent renâclé, lui jamais, il disait : "Ne me demande pas plus que je peux donner." Moi j’aurais voulu qu’on sorte ensemble, qu’on aille au cinéma, enfin qu’on sorte ensemble. Et alors en fait je me suis dit : "Mais pourquoi, pourquoi alors j’ai pas rompu ?" Alors je croyais toujours que ça allait s’arranger, mais pour finir ça dure depuis un bon moment, oui, depuis vingt ans quand même ! Comment j’ai pu faire ? Mais parce que j’y prêtais pas trop attention, c’était autre chose qui m’intéressait. Vous allez dire je suis pas très femme, hein ? J’aimais dire à mes amies : "Moi je suis une bonne sœur laïque", voilà pour résumer, voilà pour répondre.
K : Comment vivez-vous votre maternité ?
Alors je vais résumer d’un mot, c’est toujours un homme qui l’a dit : "Mauvaise mère, mauvaise épouse, bon professeur." Mes enfants sont, comment dire, je pense qu’ils étaient pas malheureux, mais c’était qu’ils auraient voulu que leur maman… Leur papa ils trouvaient ça tout naturel qu’il sorte et que leur maman sorte un peu moins. Je me souviens de ma fille, qui était petite puisque elle était pas encore en sixième, c’était avant que j’aille dans les quartiers nord ; il y avait un petit sac, c’était une pochette que je prenais pour sortir, elle m’avait dit : "C’est le sac du SGEN ! - le SGEN c’était le syndicat des enseignants CFDT- C’est le sac du SGEN !" L’air de dire : "Je le détruirais bien !" Elle n’était pas contente. Une autre fois, alors ça c’est dans les quartiers nord, on était parti tous les deux, et on les avait laissés à la maison, et il y avait une jeune fille qui venait quand ils étaient petits, les baigner le soir parce que j’étais trop fatiguée pour le faire, et puis quelquefois elle les gardait ; mais là je sais pas pour quelle raison elle n’était pas venue. On les a retrouvés tous les deux dans notre lit, et ils avaient pissé tous les deux. Le lit était trempé… De rage. Je pense que c’était un peu inconscient. Et alors, chose qu’il faut dire aussi, c’est que mes amies me disent : "Tu as de la chance, tes enfants, ils sont pas au chômage." Ma fille est donc inspecteur de police, et mon fils il est professeur de mathématique près du Havre. Alors ils ont eu un cheminement tranquille.
K : Comment vivez-vous l’égalité entre hommes et femmes ?
Il y a pas d’égalité entre les hommes et les femmes, mais j’essaye chaque fois que je peux de la promouvoir soit en soutenant des mouvements de femmes, soit dans ma vie aussi, en essayant de… Mais enfin j’ai pas trop eu à souffrir, parce qu’au fond je m’aperçois que ma profession que j’aimais beaucoup m’a garanti d’avoir conscience des choses. Le fait est que ça m’a jamais tracassé, l’identité femme… Non, non pour moi c’est les êtres humains, on est un être humain. Oui, c’est ce que d’ailleurs m’ont appris mes amies d’émission "Femmes" de la radio. La femme ne m’intéresse pas, les femmes concrètes m’intéressent en tant que possibilité de faire entrer plus de liberté, plus d’humanité dans la société. C’est les êtres humains qui m’intéressent, c’est pas forcément les femmes.
K : Comment vous êtes-vous engagée pour la cause féminine ?
J’ai toujours dit à mes amies que j’étais pas particulièrement féministe. Ceci dit, j’écoute l’émission "Femmes" sur Radio Galère, je me priverais pas de l’écouter, et ce sont des amies, hein. Et des amies qui ont été solides, puisque elles m’ont aidée à faire une association de soutien à une radio de jeunes à Bamako, donc j’ai des relations très solides avec des femmes. À un moment donné, j’ai fait partie du Collectif Treize. Je m’y sentais très à l’aise, mais il se trouve que c’est pas là que j’ai mis mon militantisme. Je disais toujours en riant que bon, je suis pas féministe militante parce que je ne suis pas d’une association féministe, je suis pas aux femmes battues, je suis pas au Collectif Treize. J’ai pas choisi ce que j’appelle "être organisée avec des femmes". J’ai plutôt vécu le féminisme de façon spontanée, parce qu’au fond c’est l’exemple de ma mère, à la fois exemple et contre-exemple qui m’a déterminée, voilà hein, c’est déterminant la relation à la mère. Mais un jour on m’a dit : "Mais Odile, comment ça se fait que tu milites pas femme ?" Et ben non, à ce moment-là y avait la militance ouvrière donc puisque j’aidais, les femmes, on était actives. Et puis j’ai quand même participé au MLAC [1] mais pas pour faire des dossiers, des réunions, pour… Je ne faisais pas partie de l’organisation vraiment, j’aidais. Oui le MLAC, j’ai bien connu, j’avais des copines du MLF, j’allais à la librairie des femmes. Mais ça a toujours été aux marges. On peut dire une féministe aux marges.
K : Soignez-vous votre apparence ?
Un peu, pas beaucoup. Je fais attention aux couleurs. J’aime que les couleurs soient assorties dans ce que je mets, et j’aime avoir toujours un bijou, mais pas trop.
K : Êtes-vous attachée aux traditions ?
Pas à toutes, à certaines oui. J’aime bien le repos et le repas meilleur que d’habitude le dimanche. J’aime bien la fête de Pâques, j’aime bien aussi, mais moins, la fête de Noël. J’aime qu’il y ait un rythme régulier. Il y avait le rythme hebdomadaire, j’y tiens. Il me vient surtout des idées de rythme de vie, la tradition qui consiste à connaître l’histoire. Je trouve que c’est important d’avoir une référence au passé, mais ça doit pas nous empêcher d’aimer l’avenir.
K : La religion joue-t-elle un rôle dans votre vie ?
Je suis pratiquante irrégulière. Je pense que la religion m’a transmis des valeurs, par exemple le christianisme, c’est sûr que l’accueil, l’amour des autres, la reconnaissance de la grande dignité du pauvre… Et mon christianisme n’a pas été sans importance parce que j’ai fait partie du mouvement des chrétiens marxistes. Par conséquent c’est bien qu’il y avait une passerelle quelque part, sinon j’y serais peut-être pas venue aussi facilement, ça a été quelque chose d’important.
K : Quels sont vos loisirs en dehors du travail ?
J’aime le théâtre, et j’aime beaucoup la lecture, je lis beaucoup.
K : Quel message désirez-vous passer aux femmes ?
Un message aux femmes d’aujourd’hui… D’être vigilantes sur toutes les lois concernant la famille, parce que je trouve les familialismes dangereux. Il y a des lois qui sont faites et qui tendent à faire revenir les femmes à la maison, et ça, ça me plaît pas. Par exemple : les allocations qu’on donne, les congés parentaux, c’est surtout les femmes qui sont concernées, je crois, et pourquoi pas pour les hommes aussi, hein ? On pourrait être autoritaire pour que les hommes aussi puissent revenir à la maison, parce qu’on dit beaucoup : "Tu es pour le travail des femmes, mais quand c’est un travail exploité horrible, eh ben les femmes, elles sont bien contentes de pas travailler et de rester à la maison." Mais et les hommes, ils seraient pas contents aussi d’être un peu tranquilles, de pas travailler, si… ? J’en reviens à mon idée : les êtres humains. Veillons à ce que les choses soient pas toujours pour faire rentrer les femmes à la maison. Et deuxième chose aussi par exemple, pour la question du PACS, je me souviens qu’à l’époque j’avais dit : "Mon Dieu, on n’a pas fait campagne avant, on aurait bien dû se douter qu’il y aurait des résistances, et c’est important de soutenir les mouvements qui sont anti-homophobie." Je trouve que c’est très important pour une femme en tant qu’être humain de soutenir ça, et ça va contre, donc, cette famille traditionnelle.
Propos recueillis par Dalila Bouhmadou le 26/06/06 ; SR : Odile Fourmillier ; rédaction : Patricia Rouillard ; image : Christian Coursaget.
[1] Mouvement de Libération de l’Avortement et la Contraception ; fondé en 1973, le MLAC est une association féministe dont l’existence répond aux difficultés rencontrées par les femmes désirant avorter.
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