La Koinè, la langue commune. Au pluriel : Koinai.
S’il existe une ville en France qui tout au long de son histoire a vu ses langues se conjuguer au pluriel, c’est certainement Marseille. Multiples langages et donc multiples cultures.
Notre revue se veut le témoin de cette diversité singulière. Laissant traîner ses oreilles dans la ville, toujours à hauteur d’hommes, elle glane, ça et là, des témoignages. Ces paroles de marseillais sont retranscrites au plus près de l’authenticité du moment parlé, de leur musicalité propre, vivantes.
Marseille a commencé sa mue. Comment la ville et ses transformations modifient l’homme et ses habitudes ? Comment l’homme inscrit-il son récit individuel dans celui, collectif, de la ville ? Cette période de transition convoque dans l’écho de ses voix à la fois les ombres du passé, et l’esquisse de l’avenir.
Koinai recueille ces voix qui façonnent la ville.
"Normalement, la rue du Chevalier Roze devait avoir une vocation artistique et culturelle, et c’est vrai qu’il y avait plus d’artisans : une restauratrice de meubles, un luthier, un vendeur d’objets d’art, ma librairie, une couturière juste à côté et un atelier de gravure sur verre. Or, comme l’opération de réhabilitation n’a pas été menée à terme - voyez comme la rue est déserte ! - et que les autres locaux n’ont pas été aménagés, forcément, les artisans sont partis : quatre activités installées là au début ont déjà quitté les lieux et moi-même j’abandonne mon local dans un mois." Caroline Godard, libraire du Pharos.
A l’occasion de son exposition à la Galerie Andiamo, nous avons interviewé le peintre Alain Boggero. Si son travail nous rappelle l’expressionnisme allemand, ses couleurs sont bien celles de la Méditerranée, qu’il a choisies pour exprimer son refus de la disparition d’un monde, le sien, celui de la construction navale. Boggero peint les hommes qui ont autant façonné l’histoire des chantiers navals que la coque de leurs navires. Ceux-là même que la dé-industrialisation voulait rayer de la carte ressuscitent sur ses toiles. Ceux qui ne devraient plus être que des fantômes, sous son pinceau, revivent. Peintre du refus, Boggero poursuit l’oeuvre de la navale, la transmet et ainsi l’immortalise.
"J’habitais à la Joliette, à l’époque où la vie était belle sans les travaux ni le stationnement payant. Ensuite, j’ai déménagé pour le Vieux-Port. Là, hors de question pour moi de garder une voiture, je m’en suis séparée. AutoPartage a été un super bon compromis parce que je travaille à la maison, mais je suis amenée à rencontrer des clients en ville ou aux alentours. Quand je n’ai pas de temps à perdre dans les transports en commun, j’y ai recours pour utiliser une voiture deux heures, trois heures, la journée..." Emmanuelle Atteïa.
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