A l’école Notre-Dame de La Viste, le végétal fait aussi son chemin... Enfants, parents et enseignants conjuguerons bientôt le verbe cultiver à tous les modes et par tous les temps ! Faire redécouvrir les cycles de la nature, renouer le contact avec la terre nourricière, cette même préoccupation d’harmoniser les rapports humains au travers de ce nous avons tous en commun se retrouve aussi dans les projets de l’établissement.
Koinai - Pour commencer, est-ce que vous pouvez présenter votre école et votre mission ?
Christine Poggi - Alors, au niveau de l’école Notre-Dame de La Viste, nous avons ici la structure maternelle et primaire, et plus bas dans l’autre bâtiment le collège et le lycée. Alors notre particularité, c’est d’essayer d’accompagner les enfants du quartier de la maternelle jusqu’au Bac. Donc nous sommes vraiment dans cette implantation locale du quartier. En ce qui me concerne, je suis là depuis vingt cinq ans maintenant. Dans le passé, nous avions beaucoup d’enfants du 38, puis les parents ont déménagé, maintenant on accueille très peu d’enfants du 38, mais on reste quand même dans un milieu populaire, mais vraiment pas dans le sens péjoratif, dans le bon sens du terme.
K. - Donc La Viste, y compris le plateau, le 74... ?
C P. - Tout à fait, on est assez étendu. Collège et lycée, c’est donc automatiquement un peu plus étendu, mais on reste quand même dans ce secteur là. Alors, au niveau ouverture par rapport au quartier, c’est vrai qu’on est un peu connu comme l’école des curés, c’est pas péjoratif, mais à l’époque, quand j’ai commencé il y avait un pensionnat, après malheureusement, pour des questions de subventions on a été obligé d’arrêter et d’évoluer avec le temps. Mais je tiens à dire qu’on accueille quand même toujours les mêmes populations, depuis vingt cinq ans, et c’est vrai qu’on a aussi la chance d’avoir des parents avec qui on a de bons rapports, c’est vraiment sympathique. On reste vraiment une école familiale et ça c’est bien.
K. - Quelles sont vos impressions sur le quartier ? Est-ce qu’il y a une évolution positive, négative ?
C P. - Alors, l’évolution c’est qu’avant on avait affaire à des grands parents qui venaient chercher les enfants, etc. Donc beaucoup plus d’externes, beaucoup moins de demi-pensionnaires. Je n’ai pas fais d’enquête, mais au niveau des enfants du 38, je dois en avoir très peu. J’ai quand même deux cent cinquante gamins sur le primaire et je pense que j’en ai très peu, 10% et encore, c’est pas sûr. Après, on est un peu plus sur Provence Logis, on est un peu plus sur les nouveaux lotissements, et du coup on est plus sur des enfants qui sont demi-pensionnaires. Donc la population n’a pas changé, dans le sens où c’est quand même le même type de population et de parents. La majorité des parents de l’établissement sont des parents, on va dire aux revenus modestes. C’est pas péjoratif ce que je vais dire, mais plutôt on va dire "ouvrier", etc. J’ai aussi quelques parents qui sont cadres, mais c’est pas la majorité. Mais j’ai pas l’impression qu’on a évolué par rapport à ça, on est quand même restés dans cette mouvance, voilà. Sauf que maintenant c’est plutôt, je dépose mon enfant non plus à pied par les grands parents, mais plutôt en voiture, et je viens le rechercher le soir et donc là c’est plutôt intéressant, parce qu’avec le Centre Social on va essayer de mettre un partenariat par rapport à leur projet de maternelle et de garderie. Un peu plus de parents veulent que leurs enfants restent un peu plus tard. Voilà, donc c’est à ce niveau-là que ça a évolué... J’ai maintenant les enfants de mes anciens élèves.
K. - Avez-vous un regard sur le quartier au travers des enfants qui fréquentent l’école ?
C P. - Non, pas trop... Au niveau social, cette année on va peut-être faire une action, puisque là j’ai la dame de l’espace lecture du Centre Social qui m’a dit "On va travailler ensemble." L’année prochaine, je pense qu’on va faire quelque chose ensemble avec cet espace lecture... je sais qu’il y a des enfants qui vont au Centre Social le mercredi, mais j’ai pas forcément créé de liens avec...
K. - Avec le Centre Social...
C P. - Oui, pas forcément. Alors peut-être, parce qu’il n’y a pas eu ce besoin-là. C’est vrai qu’Alexis est venu démarcher et donc du coup, c’est vrai que je me suis dit "Tiens, ça pourrait être une passerelle intéressante." Il y a peut-être quelque chose qui va se mettre en place. Sans se fermer au quartier, c’est vrai que les besoins jusqu’à présent on les avaient un peu en interne. Donc ça nous forçait pas forcément à aller chercher ailleurs, et les familles non plus.
K. - Et donc vous n’allez pas forcément vous-même, à titre personnel, dans le quartier ?
C P. - Non, j’habite Septèmes, donc c’est vrai que je suis pas très très loin, et je suis moi-même responsable d’un club d’athlétisme à Septèmes, donc c’est vrai que du coup les liens sociaux je les ai, mais sur la commune de Septèmes, parce que je rencontre des partenaires. Et qu’ici, je n’ai pas forcément le besoin de rencontrer des partenaires, parce qu’il y a des choses qui se passent comme ça. Mais ça va peut-être se faire par cette garderie, cette maternelle, qui est un bon projet.
K. - Sinon, pour finir sur le quartier, qu’est-ce que vous aimez particulièrement ? Qu’est-ce que vous aimeriez voir changer ?
C P. - Ce qui est intéressant, c’est que justement on a des enfants très attachants. Ils sont très respectueux et très attachants, c’est très gratifiant. Et les enseignantes qui viennent ne veulent plus repartir, parce qu’on s’attache. En même temps, il y a une confiance extraordinaire, les parents ne viendront pas me dire "Est-ce qu’elle est formée, pas formée ?" Ils nous font tout à fait confiance. C’est pour ça que je dis qu’il ne faut pas les décevoir non plus, ils sont toujours très content de ce qu’on leur propose et on a toujours de bons retours. Moi je trouve que c’est la plus belle récompense, voilà. En ce qui concerne le quartier... alors j’ai des collègues qui sont dans d’autres quartiers qui sont peut-être, entre guillemets, plus réputés et plus faciles... Enfin, en tout cas, dans mon établissement, je n’ai pas de problèmes, on peut encore faire notre métier en étant épanouis, ce qui est assez extraordinaire.
K. - Donc à propos du Parc d’Hanoï, est-ce que vous le connaissez ?
C P. - Alors, je le connaissais parce qu’on y allait autrefois, et il y a un beau point de vue.
K. - Ça vous arrive d’y aller avec les enfants ?
C P. - D’y sortir avec les enfants ? Non. On va plutôt sur le Parc Brégante avec les petits, c’est un peu plus grand au niveau espace, voilà. Donc je n’y suis pas allé avec mon école, mais c’est vrai que ce n’est pas loin du tout.
K. - Qu’est-ce que vous imagineriez dans ce parc ?
C P. - L’idée d’un jardin partagé est une très bonne idée parce qu’on a quand même des enfants qui sont emprisonnés dans du béton... On a la chance d’avoir cet espace vert, mais je pense aussi que c’est une vieille demande, parce qu’il y a des gens qui voudraient cultiver et il n’y a pas trop d’endroits pour le faire. Ça, ça revient, travailler la terre, récolter... Vous avez également dû voir qu’à l’intérieur de notre établissement, il y a une propriété avec un jardin qui est à entretenir et qui pourrait permettre à des enfants de commencer à un petit peu à jardiner. Donc vendredi prochain, avec les parents on fait une journée, entre guillemets, jardinage, pour après essayer de faire quelque chose avec les enfants, mais il faut du temps. On peut commencer à faire quelques petits essais... donc on reste vraiment dans cette idée familiale d’école ouverte, avec chacun son poste et chacun sa position, mais où les parents ont le droit de pouvoir venir aussi aider, voilà.
K. - Vous voudriez y trouver des choses comme des jeux pour enfants, des choses que l’on peut aussi trouver à Brégante ?
C P. - Je pense qu’il ne faut peut-être pas faire un double emploi, on a un autre besoin, voilà, mais c’est un point de vue personnel. Il y a aussi un petit parc là, auprès de La Viste, où les personnes âgées peuvent s’asseoir pour se retrouver, mais c’est pas très adapté.
K. - Donc à la limite, pour les personnes âgées, ce serait finalement le Parc d’Hanoï qui serait le plus adapté ?
C P. - Il y a une belle vue sur la mer, donc automatiquement... Faire quelques petits bancs et ce petit jardin, moi je pense que ce serait une bonne idée, oui.
K. - Pour conclure un petit peu, d’une manière générale, comment vous voyez un quartier idéal ?
C P. - Quelle question ! (Rires) Un quartier idéal, je ne sais pas...
K. - Je pose cette question pour remonter un peu le moral ! (Rires)
C P. - On est dans un quartier où il faut prendre le temps, on ne peut pas voir que le côté négatif... au niveau situation géographique, c’est quand même un beau quartier, il y a quand même beaucoup de choses, alors après il y a sûrement aussi... c’est comme dans tous les quartiers, je pense qu’il y a du bon et du mauvais. Après, je pense que ce projet là, peut aussi aider... justement à la rencontre et peut-être à poser les choses différemment... Cultiver ensemble la terre... A l’intérieur de l’école primaire publique, le nouveau directeur a nettoyé plein de gravats et a aussi le projet de faire un peu de verdure, de faire toucher la terre aux enfants comme projet pédagogique... Donc tout ça peut se croiser, se rencontrer, et ça pourrait être... après il faut imaginer, il faut voir comment ça prend forme, ce que vous allez proposer au départ, à quel moment vous allez commencer... Je ne suis pas fermée du tout à ces propositions là, après vous dire ce qu’on pourrait faire ensemble, je ne sais pas comment ça va s’organiser, c’est un peu trop tôt. On commence à voir ce qu’on pourrait mettre en place au niveau des maternelles par rapport à ce projet, ça peut donner des idées, et voir ensemble ce qu’on peut faire...
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